Face à la perte progressive de la mémoire, la question de la relation prend toute son importance. Comment notre représentation de la personne altérée peut-elle participer à sa disparition? Comment restaurer une présence? Par un regard, un geste, un mot, une conscience accrue des perceptions sensorielles, le proche restaure une présence. Poser la réciprocité, la vie intérieure de l’autre, enfermé dans l’oubli. La poser comme existante.
L’autrice retrace la perte progressive du sens au profit des sensations, en développant une écriture basée sur le sensible. À travers le rythme, la sonorité des mots, leur effritement progressif, elle questionne les pas vers l’absence, ainsi que le rôle de la mémoire émotionnelle.
La lecture
Pendant la lecture, l’autrice dialogue avec des chaises vides, symboles d’une présence ambivalente. Chaises vides, mais pas pour autant muettes: des haut-parleurs placés à proximité donnent une voix à ces absences.
Porteurs d’une musique inventive composée par Gaël Tissot, ils sont une mise en abîme du texte: effritement du sens dans le temps et l’espace, jusqu’à des phrases disparates, bribes de mots, en écho au souvenir…